MédiHAL, 5 ans et 24000 photos et images scientifiques plus loin…

Lancé en 2010 par le Centre pour la communication scientifique directe du CNRS et avec l’aide du TGE Adonis (devenu depuis Huma-Num) et du CN2SV, MédiHAL est une archive ouverte de photographies, d’images, et maintenant de vidéo qui compte plus de 24000 entrées venant principalement du domaine des SHS (mais pas que !). Ayant participé à sa création avec S. Kilouchi, D. Charnay et L. Capelli, je suis très content du chemin parcouru par ce projet, modeste au départ, qui fut réalisé rapidement (quelques mois) et finalement avec assez peu de financement (uniquement les salaires des acteurs concernés).

MédiHAL
MédiHAL, vue en 2016

Après 5 ans de travail autour de MédiHAL, principalement dans l’animation/promotion de cet objet et dans la validation des dépôts,  et parce que mes occupations actuelles au sein d’Huma-Num sont très intenses, j’ai estimé qu’il était temps de passer la main à d’autres. C’est désormais, le CCSD qui assurera la validation des dépôts dans MédiHAL ainsi que la définition des évolutions futures de la plateforme. Beaucoup de personnes ont contribué à améliorer MédiHAL depuis le début et j’espère que cela continuera car si l’outil se veut simple, il y aura toujours des choses nouvelles à proposer autour des archives ouvertes de données (en particulier en lien avec les publications). MédiHAL contient des images et des photographie qui ont aujourd’hui une valeur scientifique et patrimoniale particulière qui raisonnent avec l’actualité, en particulier les séries de photographies du temple de Bêl à Palmyre (Syrie) issues des collections de l’Institut Français Du Proche-Orient (ifpo).

Palmyre, Temple de Bel
Palmyre, Temple de Bel

J’ai été très heureux de participer à ce projet et je lui souhaite plein de bonnes choses pour le futur ! Et via ISIDORE, qui moissonne MédiHAL et HAL, je regarderai avec bienveillance grandir le corpus de MédiHAL !

Stéphane.

Construire le web de données pour les shs avec les digital humanities

Le web de données est une évolution du web actuel vers un web contenant des données structurées et si possible liées entre elles grâce à l’utilisation de standards documentaires et informatiques internationaux. Les informations contenues dans ces données sont également organisées, structurées, par l’utilisation de schémas (de structuration) dont le plus simple reste le dublin core element set (dit « dublin core simple »). Mais le web de données permet justement de s’affranchir de la contrainte de l’utilisation universelle du DC et de marier plusieurs schémas. Ainsi, dans un futur proche, c’est le web lui-même qui deviendra (en fait, qui devient) une base de données mondiale, structurée et pérenne.

Quel est la différence entre « diffuser sa base de données sur le web » et participer ou construire le web de données ?

Tout d’abord participer à la construction du web de données veut dire que l’on diffuse des données et pas uniquement les métadonnées ou les notices. Cela veut dire que l’on « ouvre » les données au public. L’ensemble des données utilisées par les enseignants et les chercheurs sont concernées quelles soient conservées dans les archives ou bien qu’il s’agisse des données produites par les chercheurs eux-même (enquêtes, articles, ouvrages, photographies, plans, cartes, notes de terrains, …). Il y a bien évidement des questions de confidentialité de l’information mais il est classique aujourd’hui d’appliquer des barrières mobiles aménageant des périodes d’embargo temporels et/ou disciplinaires. Construire le web de données c’est affirmer que l’on va, tout de suite ou dans quelques temps, ouvrir ses données. S’il existe une période d’embargo, il faut dire quand elle se terminera. Par exemple dans MédiHAL, l’archive ouverte de photographies et d’images scientifiques lancée par le CNRS, il est possible de placer une image sous un embargo de 3 ans, ainsi l’image jpg ou tif sera accessible dans 3 ans, en attendant la notice est publique. Dans l’interface et dans les flux OAI-PMH de MédiHAL est indiqué la disponibilité de la données.

Ouvrir ses données, pourquoi faire ?

Principalement, pour avoir accès à une assiette de données plus large permettant de traiter plus d’information afin de valider plus profondément telles ou telles théories ou idées tout en étant capable d’étayer le propos de synthèse en donnant accès à toutes les sources (ou preuves). Depuis 1999, avec l’arrivée des méthodes et protocoles d’interopérabilité des données tel que l’OAI-PMH, une première marche vers le web de données a été franchie : des moteurs de recherche collectent des métadonnées dont la citabilité et l’accès sont pérennes (c’est à dire que les diffuseurs – institutions ou personnes – se donnent les moyens de maintenir et de garantir l’accès) donnant ainsi accès a des données en ligne (textes, images, inventaires de fonds d’archives, articles, ouvrages, etc.). La seconde marche est encore devant nous, nous devons apprendre à structurer systématiquement toutes les données qui sont utiles aux chercheurs pour travailler : ainsi nous devons les qualifier. Les chercheurs, aidés par les bibliothécaires et documentalistes qui sont en première ligne, doivent aider, par exemple, au développement de nouveau outils d’enrichissement des données.

Ouvrir ses données c’est aussi vouloir partager et échanger avec d’autres chercheurs, mais aussi avec la communauté des digital humanties. C’est d’autant plus important que certaines données, utilisées voir collectées par les chercheurs, sont publiques. Bien sur, la recherche est un monde de compétition où les données sont stratégiques, mais je me positionne ici dans le cas de données des SHS, peut-être moins stratégiques, surtout quand elles sont patrimoniales et dans le cadre de données ayant déjà été traitées, au moins partiellement. Pourquoi un doctorant ayant soutenu sa thèse, ne diffuserait-il pas, juste après sa thèse (et après l’avoir déposée elle aussi dans une archive ouverte tel que TEL par exemple) son corpus de sources ? Voir les données qu’il n’a pas eu le temps d’exploiter ?

Heureusement le mouvement est en marche : plusieurs projets, s’inscrivant dans le web de données, sont en cours de réalisation, quelques exemples issus de la communauté des digital humanities :

  • La structuration des billets des blogs de la plateforme hypotheses.org en RDFa
  • La réalisation de plateforme ISIDORE du TGE ADONIS
  • L’expression en RDF des autorités auteurs du catalogue SUDOC de l’ABES
  • Le développement des projets d’édition électronique de sources historiques utilisant la TEI, qui permet de structurer les textes.

La construction du web de données permettra-t-il de développer de nouveau axe de recherche ? sans doute, mais il apporte également une nouvelle façon de relier les chercheurs en eux de (re)-construire de nouvelles communautés.

Dans un prochain billet et pour illustrer cette notion du web de données par un cas concret, j’aborderai la structuration en RDFa des pages de consultation de la plateforme MédiHAL.